Miville/Deschênes 

 

Première génération

Le monde de Pierre Miville

Pierre Miville demeure même aujourd'hui un personnage mystérieux pour quiquonque s'intéresse à sa biographie. On ne connaît avec exactitude ni son lieu de naissance, ni celui de son mariage. Mais un bref relevé des individus qui l'entouraient nous permet de mieux connaître notre homme.

Probablement accompagné de plusieurs autres Suisses venus combattre parmi les rangs de l'armée française, Pierre Miville arrive en France au cours des années 1620. Depuis 1515, l'année de la victoire sur les Suisses par François 1ier à Marignan, la Suisse doit fournir des soldats au Roi de France. Au siège de la Rochelle (1627-1628) les troupes du cardinal Richelieu comptent des effectifs Suisses importants (1). Pierre Miville était-il parmi eux? Cela est fort possible car dans l'acte de mariage célébré à St-Hilaire d'Hiers le 25 juin 1635 Pierre Miville, témoin, est qualifié de "souice de Monseigneur le cardinal demeurant en Brouage....". Ce cardinal ne pouvait être que Richelieu, premier ministre de Louis XIII alors gouverneur en titre de Brouage.

Trois des actes de baptême des enfants Miville nous offrent de précieux indices sur l'entourage de Pierre Miville. Celui d'Aimée nous apprend que son parrain était François Guibourt, sieur du Val et secrétaire du gouverneur de Brouage. Celui de Suzanne nous indique que son parrain était René Yvon, sommelier du même gouverneur (2). Mais l'acte de baptême le plus intéressant est celui de François: 

"Ce seize may 1634 a esté baptisé François fils de Pierre Miville et de Charlotte Mongis & a eu pô parrain François Saboureux Sr de St Thomas sergent Major de Brouage et marraine Marie Boursier." 
Chauvin St Thomas 
P. Goupil Curé
Marie Boursier 

Le parrain était un militaire, sergent-major de la garnison de la ville (3). L'un des signataires de l'acte de baptême est François Chauvin, personnage important à Brouage puisqu'il était l'ingénieur responsable de surveiller la construction des fortifications de la ville. Ces actes de baptême démontrent hors de tout doute que Pierre Miville entretenait des relations avec les notables de Brouage.

La dernière mention de la famille Miville à Brouage date du 17 mai 1643 alors que Charlotte Mongis devient la marraine de Claude Cotart, fils de Nicolas et de Jeanne Mouchette. La famille Miville semble ensuite avoir quitté la ville pour d'autres lieux. Pourquoi? En décembre 1642 Richelieu meurt à Paris. Comme arrangé au préalable Armand de Maille, duc de Breze, devient gouverneur de Brouage. Mais en juin 1646 il meurt au combat à Orbitello (en Italie). Anne d'Autriche, alors régente du royaume de France, lui succède. Comme elle ne peut évidemment pas exercer sa charge, elle se fait représenter par le lieutenant-général du lieu, Louis Foucault, comte de Daugnon, qui limoge les serviteurs des anciens gouverneurs pour les remplacer par ses partisans (4). Alors âgé d'environ 46 ans, Pierre Miville se retrouve vraisemblablement sans emploi. C'est en 1648 qu'éclate une révolte connue sous le nom de "Fronde", laquelle se transforme ensuite en guerre civile. Ayant habité Brouage pendant une quinzaine d'années, la famille Miville avait  sûrement entendu parler des découvertes de Samuel de Champlain, enfant de Brouage et surnommé depuis "le Père de la Nouvelle-France". Peut-être alors attiré par les promesses du Nouveau Monde, Pierre décide de tenter l'aventure avec toute sa famille.

La famille Miville arrive vraisemblablement en Nouvelle-France à l'été de 1649. On peut se demander si avant son départ pour Québec Pierre n'avait pas obtenu de garanties quant à son établissement dans la colonie, car très peu de temps après son arrivée il obtient non pas une, mais deux concessions de terre: une située dans la seigneurie de Lauzon, l'autre située en banlieu de Québec, sur la Grande- Allée, entre les seigneuries Saint-François et Saint-Jean (5). Et ce n'est pas tout. En 1654 Pierre Miville déclarera avoir une "maison scise sud quebecq joignant d'un costé lenclos de Messire Guillaume Vignal Prêtre et Chapelain... consistante en vingt-quatre toisses de terre sur un sens & douze sur lautre...à cause de la donnation a luy faite par Monseigneur Jean de Lauson conseiller du Roy en Son Conseil destat & Privé Gouverneur et lieutenant general pour sa majesté au Pais de la nouvelle france...."(6).

Pierre Miville avait probablement des relations suivies avec Jean de Lauzon. N'avaient-ils pas été tous deux au service de Richelieu? D'ailleurs au mariage d'Aimée, la deuxième des filles Miville, Lauzon sera présent à la cérémonie manifestant ainsi de l'estime pour la famille (7). Et le 20 mai 1656 il concédera à Pierre, tout juste de retour d'un voyage en France, un emplacement dans la basse ville de Québec, rue Saint-Pierre (8).

Tour à tour mercenaire, menuisier et habitant, Pierre Miville continuera tout au long de sa vie à entretenir des relations, par moments houleuses, avec les grands de la colonie. Ses fils se feront remarquer. François deviendra seigneur de Bonne-Rencontre, et Jacques fera un beau mariage en épousant la noble Catherine de Baillon.
- Raymond Ouimet

1. Vaux de Foletier, François de, Le siège de la Rochelle, éd. Quartier Latin et Rupella, p. 206  
2. Actes de baptême du 12 août 1635 et de 24 janvier 1640, Brouage.  
3. Le sergent-major était celui qui présidait à l’exercise des troupes.  
4. Vigé, E. et J., Brouage, histoire, visite, imprimerie Delavaud, Saintes, 1987, p.8.  
5. Greffe Audouart, 28 octobre 1649  
6. Greffe Audouart, 9 août 1654  
7. 2 juillet 1652, Québec  
8. Papiers terriers des Indes Occidentales 1667-1668: décclaration de François Miville pour Pierre Miville, son père.

 

PIERRE MIVILLE -
UN ANCÊTRE EXCEPTIONNEL

by RAYMOND OUIMET

Published in French by: Les Éditions du Pélican/Septentrion, 1988.
ISBN 2-921114-240

 

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January 1, 2001